Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Cinecdotes
9 mai 2008

Sean Penn : comme un artiste engagé

Certains verront éternellement en lui le premier mari de la Madone, d’autres un activiste gauchiste acharné. Mais Sean Justin Penn est bien plus que cela. Loin du jeune loup enragé de ses débuts, Sean Penn s’est peu à peu mué en un cinéaste accompli.

 

Sean Penn

 

Quatre longs métrages, dont le très beau Into The Wild, subtile allégorie contre la société de consommation, auront suffi à faire oublier son tumultueux passé, nimbé d’excès en tous genres (en 1987, il fit 32 jours de prison pour avoir frappé un figurant). Assagi aux côtés de la lumineuse Robin Wright (Forrest Gump), qu’il a rencontrée en 1991 sur le tournage de State of Grace (ils viennent d’annoncer leur procédure de divorce), Sean Penn s’est finalement tourné vers les plateaux plutôt que vers la drogue pour exorciser ses vieux démons. Aussi crédible en yuppie du barreau toxicomane (L’impasse) qu’en attardé mental (Sam, je suis Sam) ou en soldat tortionnaire (Outrages), le comédien aime jouer les personnages extrêmes et sur le fil du rasoir.

Fils d’un metteur en scène (Léo Penn) et d’une comédienne (Eileen Ryan), Sean n’en oublie pas pour autant ses racines modestes (ses grands-parents paternels étaient des immigrants juifs de Russie et de Lithuanie, alors que sa mère est de descendance italienne et irlandaise). Alors que le gouvernement américain peine à porter secours aux réfugiés de l’ouragan Katrina en septembre 2005, le comédien et son épouse se précipitent à la Nouvelle-Orléans pour apporter leur soutien aux sinistrés. Il y participe notamment au documentaire de Spike Lee, When The Leaves Broke, critique acerbe de l’inaction du président Bush.

Un an après les attentats du 11 septembre, il avait également participé au film choral 11'09'01: September 11 danslequel l’effondrement des Twin Towers ramène la lumière chez un vieil habitant new-yorkais. Sean Penn est aussi un des premiers artistes américains, aux côtés de ses amis Susan Sarandon et Tim Robbins, à dénoncer l’absurdité de la guerre en Irak, ce qui lui vaudra d’être qualifié de traître par ses compatriotes.

A 47 ans, Sean Penn est aujourd’hui promu Président du Jury au 61e festival de Cannes, là même où il est venu présenter quelques-unes de ses œuvres les plus marquantes, que ce soit en tant que comédien (Mystic River) ou réalisateur (The Pledge). C’est d’ailleurs le festival français qui fut l’un des premiers à lui rendre l’honneur en lui décernant le prix d’interprétation pour She’s so lovely de Nick Cassavetes, un an après l’ours d’Argent à Berlin pour La Dernière Marche de Tim Robbins, saisissant plaidoyer contre la peine de mort. Boudé à trois reprises par le jury des Oscars, sans doute en raison de ses opinions politiques trop radicales, il reçoit enfin la sacro sainte statuette du meilleur acteur en 2003 pour son incarnation d’un père de famille brisé dans Mystic River de Clint Eastwood.

Toujours à l’affût de sujets forts, Sean Penn vient de tourner sous la direction de Gus Van Sant - il y campe Harvey Milk, est l'un des premiers hommes politiques à avoir ouvertement révélé son homosexualité – avant de retrouver Terence Malick dix ans après La Ligne Rouge. Difficile de croire que celui qui a débuté sa carrière en surfeur défoncé dans le teen movie Fast Times at Ridgemont High soit aujourd’hui devenu un des artistes les plus respectés de sa génération.

 

Marion Batellier, publié sur www.commeaucinema.com le 9 mai 2008

Publicité
Publicité
Commentaires
Cinecdotes
Publicité
Archives
Publicité