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Cinecdotes

12 octobre 2014

Mes scènes préférées

EMOTION
Edward aux mains d’argent
https://www.youtube.com/watch?v=qmOScCWGKOo
Le dernier des mohicans
https://www.youtube.com/watch?v=ah9XCamPyKA
Danse avec les loups
https://www.youtube.com/watch?v=Cj_loW2Wk2c
Gattaca
https://www.youtube.com/watch?v=ll5qiWa6YDk
La liste de Schindler
https://www.youtube.com/watch?v=j1VL-y9JHuI
Philadelphia
https://www.youtube.com/watch?v=3b0p9mTJOJI
L'empire contre-attaque
http://www.dailymotion.com/video/x5y5r7_je-suis-ton-pere_shortfilms
The kid
https://www.youtube.com/watch?v=Xh3z89u1NtY
Barry Lyndon
https://www.youtube.com/watch?v=KkJZOxqB-qk
Gladiator
https://www.youtube.com/watch?v=xXOPAPxZEpk
Elephant man
https://www.youtube.com/watch?v=sF19L00KbAI
We own the night

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4 décembre 2013

Petits films entre amis

Heureusement, tous les tournages ne se déroulent pas comme celui de la vie d'Adèle. Il est de ces acteurs et réalisateurs pour qui travailler ensemble va au-delà de la simple collaboration cinématographique. Amitié, amour ou simple complicité professionnelle, retour sur ces inséparables tandems. 

 

Romain Duris / Cédric Klapisch

 Romain Duris - Cédric Klapish - Les Poupées Russes

 

Depuis que son directeur de casting l'a repéré à la sortie du lycée, Cédric Klapisch a renouvelé sa confiance à sa jeune découverte pas moins de six fois, passant de l'ado rebelle aux cheveux hirsutes au père de famille immature On le retrouve pour une troisième fois dans le rôle de Xavier fin 2013, dans Le casse-tête chinois, suite de L'auberge espagnole et Les poupées russes.

Leur collaboration n’est pas sans évoquer le duo formé par François Truffaut et Jean-Pierre Léaud. « Notre relation n’est pas la même, corrige Klapish. Jean-Pierre Léaud était l’alter-ego de Truffaut ; Romain et moi sommes plus différents. Dans la trilogie, Romain a  fait évoluer son personnnage. Léaud, lui, est resté collé à la figure d’Antoine Doinel, y compris chez d’autres réalisateurs […]. Au cours de ces vingt ans, nous avons conservé une belle relation, même si aujourd’hui sa carrière est lancée et que je joue moins le rôle de grand frère ! »

1994 -             Le Péril Jeune  

1999 -             Peut-être           

2002 -             L'Auberge Espagnole    

2005 -             Les Poupées Russes     

2007 -             Paris     

2012 -             Casse-tête Chinois      

 

 

François Truffaut  / Jean-Pierre Léaud

 François Truffaut (à gauche) - Jean-Pierre Léaud

Comment ne pas évoquer l’alter-ego du regretté François Truffaut ? Avec le personnage d'Antoine Doinel, c'est un peu sa vie que dépeint le cinéaste sur grand écran. Des Quatre cents Coups de son enfance, aux premiers émois amoureux, doutes sentimentaux et galères professionnelles. « Je crois qu'au départ, confia le cinéaste, il y avait beaucoup de moi-même dans le personnage d'Antoine. Mais dès que Jean-Pierre Léaud est arrivé, sa personnalité, qui était très forte, m'a amené à modifier souvent le scénario. Je considère donc qu'Antoine est un personnage imaginaire qui emprunte un peu à nous deux. » A la mort de  en 1984, Léaud se retrouve  quasiment orphelin. « Je dois tout à François. Non seulement il me communiqua son amour pour le cinéma, mais il me donna le plus beau métier du monde  -  il fit de moi un acteur ».

1959  -  Les Quatre Cents Coups

1962  -  Antoine et Colette, sketch du film L'Amour à 20 ans

1968  -  Baisers volés

1970  -  Domicile conjugal

1971  -  Les Deux Anglaises et le Continent

1973  -  La Nuit américaine 

1979  -  L'Amour en fuite

 

 

Jean-Pierre Léaud / Jean-Luc Godard

Jean-Pierre Léaud (à G) - Jean-Luc Godard

Sa carrière se poursuivra sans son mentor, notamment auprès de Jean-Luc Godard, avec lequel il a tourné à neuf reprises entre 1965 et 1985. Mais le fantôme de  demeurera à jamais aux côtés de cet icône de la nouvelle vague qu'est Jean-Pierre Léaud.

1965  -  Pierrot le fou

1966  -  Made in USA

1966  -  Masculin féminin

1966  -  Alphaville

1967  -  Anticipation, ou l'Amour en l'an 2000, épisode de Le Plus Vieux Métier du monde.

1967  -  Week-end

1967  -  La Chinoise

1969  -  Le Gai Savoir

1985  -  Détective 

 

Fabrice Luchini / Eric Rohmer

Fabrice Luchini, sur le tournage de Perceval le GalloisA la mort d’Eric Rohmer le 11 janvier 2010, Fabrice Luchini rendit un vibrant hommage à ce cinéaste mondialement connu pour avoir été l’une des figures phares de la nouvelle vague. Il faut dire que c’est en partie grâce à Rohmer que le trublion du beau verbe français, ancien apprenti coiffeur, doit sa carrière de comédien. Il le révéla en 1970 dans Le genou de Claire avant de le faire tourner une sixième et dernière fois en 1992 dans "L'Arbre, Le Maire Et La Médiathèque".

 "C'est l'homme qui a le plus compté dans ma vie. J'ai fait cinq films avec lui, et je n'aurai jamais été acteur si je n'avais pas eu les responsabilités qu'il m'a données.  Ce n'est pas un scoop mais il est bon de le dire et le répéter- sa disparition va laisser un grand vide dans le cinéma français." 

 

1970 -  Le Genou De Claire      

1978 -  Perceval Le Gallois                      

1981 -  La femme de l'aviateur                          

1984 -  Les Nuits De La Pleine Lune   

1987 -  4 Aventures De Reinette Et Mirabelle

1992 - L'Arbre, Le Maire Et La Médiathèque              

          

 

Fabrice Luchini/Philippe Le Guay

 Philippe Le Guay - Fabrice Luchini, tournage Alceste à Bicyclette

Si Luchini doit sa carrière à Rohmer, il doit ses derniers succès à Philippe Le Guay. Le réalisateur, qui l’avait dirigé en 1995 dans L’Année Juliette et en 2003 dans Le coût de la vie a signé deux des plus gros succès publiques et critiques du comédien ces dernières années avec Les femmes du 6e étage et Alceste à Bicyclette.

1995 - L'Année Juliette

2003 - Le Coût de la vie

2011 - Les Femmes du 6ème étage

2013 - Alceste à bicyclette

 

 

Leonardo Dicaprio  /  Martin Scorsese

Leonardo-DiCaprio - Martin Scorsese

Martin Scorsese avec Leonardo DiCaprio à Rome, Février 2010. Photograph- Tiziana Fabi/AFP/Getty Images

 

Avec Le Loup de Wall Street, Martin Scorsese et Leonardo DiCaprio se retrouvent pour la cinquième fois. C'est grâce à Robert De Niro que Scorsese fait appel au jeune acteur pour sa fresque historique Gangs of New-York. Peu après le tournage de Blessures secrètes, Robert confia ainsi à Martin : « Je viens de faire ce film avec ce gamin appelé Leo DiCaprio. Il est vraiment doué. Tu devrais travailler avec lui un jour ! »

« Robert est toujours très attentionné envers les gens, mais il ne dit jamais que je devrais travailler avec quelqu'un» explique Scorsese. « Alors quand j'ai entendu dire que Leo aimait beaucoup mes films et qu'on a pu faire Gangs of New-York ensemble, une relation très spéciale est née. Nous sommes d’une génération différente, mais il joue ce que je veux transmettre. Il n’a pas peur d’y aller. Il n’a pas peur d’affronter cette part de lui-même et c’est intéressant. On a différentes histoires, on a grandit différemment, mais je pense qu’on parle le même langage émotionnel et psychologique. » « Depuis que je tourne avec Scorseseje ne peux plus jouer un personnage univoque, ou alors je m'ennuie. » confesse DiCaprio. Guère étonnant alors qu'il réponde irrémédiablement présent à chaque fois que son "père" de cinéma fait appel à lui.                       

2003 -   Gangs Of New York    

2005 -    Aviator             

2006 -    Les Infiltrés       

2009 -    Shutter Island  

2013 -    Le Loup De Wall Street            

                                              

 

Robert De Niro  /  Martin Scorsese

 Robert De Niro (à G) - Martin Scorsese sur le tournage de Taxi Driver

Avant de jeter son dévolu sur Leonardo DiCaprio, Martin Scorsese avait un autre acteur de prédilection, lui aussi d’origine italienne, j’ai nommé Robert de Niro. Après Mean Street, Scorsese offre à son comparse new-yorkais le rôle titre de Taxi Driver dans lequel De Niro livre une performance d’acteur à jamais gravée dans les mémoires des cinéphiles. L’acteur récidive dans la performance avec Raging Bull, rôle pour lequel il prend plus d’une vingtaine de kilos. Scorsese et De Niro tournent encore ensemble à quatre reprises jusqu'à Casino (1995), leur dernière collaboration… du moins à ce jour. On parle depuis longtemps de futures retrouvailles entre ces deux icônes du cinéma des années 70, mais celles-ci se font attendre. A moins que leur collaboration sur Malavita, le dernier Luc Besson sur lequel Scorsese a officié en tant que producteur exécutif, ne signe leur ultime réunion.

1995 -             Casino                                                
De Niro - Scorsese - DiCaprio

1991 -             Les Nerfs à vif

1990 -             Les Affranchis  

1983 -             La Valse Des Pantins                     

1980 -             Raging Bull                         

1977 -             New YorkNew York                   

1975 -             Taxi Driver                         

1973 -             Mean Streets      

 

               

 

Robert De Niro  /  Barry Levinson & Robert De Niro / Brian de Palma

Il n’y a pas qu’avec Martin Scorsese que Robert de Niro se montre fidèle puisqu’il a travaillé trois fois sous la direction de Barry Levinson et cinq fois pour Brian de Palma ! Martin n’a qu’à bien se tenir !

1996 -    Sleepers de Barry Levinson

1997 -    Des Hommes D'Influence de Barry Levinson

2007 -    Panique à Hollywood de Barry Levinson

 

 

Brian De Palma - Robert De Niro sur de tournage des Incorruptibles

1968 -   Greetings de Brian De Palma

1969 -   The Wedding Party de Brian De Palma

1970 -   Hi-mom de Brian De Palma

1970 -   Les Nuits De New York de Brian De Palma

1987 -   Les Incorruptibles de Brian De Palma

 

 

 

 

 

 

Tim Burton  /  Johnny Depp

Johnny Depp - Tim Burton

Depuis quelques années, difficile d'imaginer un film de Tim Burton sans Johnny Depp. Burton lui-même confie ne plus pouvoir se passer des services de son acolyte. Si le cinéaste ne tourne de film avec la star de 21 Jump Street "qu'à" trois reprises aux cours des années 90, les choses s'accélère franchement au milieu de la dernière décennie. Depuis Charlie et la Chocolaterie en 2005, plus aucun film de Burton ne se fait sans Johnny Depp (exception faite de Frankenweenie), qui s'amuse visiblement beaucoup à jouer les transformistes de film en film :  « C'est plaisant de travailler avec lui, explique le cinéaste. J'aime les acteurs qui aiment devenir des personnages. J'ai toujours apprécié ces acteurs, de vrais personnalités qui aiment simplement devenir des créatures différentes. Dans Edward aux mains d'argent, il ne parle pas. Dans Ed Wood, il ne s'arrête jamais de parler ! Dans Sweeney Todd, il chante. Il essaie toujours quelque chose de différent à chaque film. »

Dans la préface du livre Tim Burton par Tim Burton, Johnny Depp exprime toute la reconnaissance qu'il ressent à l'égard de Tim Burton : « J’ai été sauvé du monde de la production de masse, extirpé d’une mort télévisuelle assurée par cet homme brillant et singulier qui a passé sa jeunesse à dessiner des images étranges, à déambuler dans cette soupière qu’est Burbank et à se sentir anormal. Il m’a choisi et je me suis senti comme Nelson Mandela quand on l’a libéré de prison. »

1990 -  Edward Aux Mains D'Argent  

1994 -  Ed Wood        

1999 -  Sleepy Hollow            

2005 -  Charlie Et La Chocolaterie      

2005 -  Les Noces Funèbres (Voix)    

2007 -  Sweeney Todd, Le Diabolique Barbier De Fleet Street

2010 -  Alice Au Pays Des Merveilles

2011 -  Dark Shadows             

 

 

Tim Burton  /  Helena Bonham Carter (compagne de Tim Burton)

 

Tim Burton - Helena Bonham-carter

Johnny Depp a cependant une concurrente sérieuse en la personne d'Helena Bonham Carter, qui compte déjà sept films avec Tim Burton à son actif. Depuis leur rencontre sur le casting de La planète des Singes - pour lequel Tim Burton offrit à sa future femme le rôle d'une guenon - le couple gothique est inséparable à la ville comme à l'écran. A ce rythme, l'actrice d'origine britannique pourrait bien dépasser le score de Johnny Depp ! A moins qu'une rupture sentimentale ne mette fin à cette belle union professionnelle.

 

2001 -  La Planète Des Singes

2004 -  Big Fish          

2005 -  Charlie Et La Chocolaterie      

2005 -  Les Noces Funèbres (Voix) 

2007 -  Sweeney Todd, Le Diabolique Barbier De Fleet Street

2010 -  Alice Au Pays Des Merveilles

2011 -  Dark Shadows           

 

 

 

Clint Eastwood (réalisateur)  /  Morgan Freeman

 Clint+Eastwood+Morgan+Freeman+2010+Palm+Springs+r1u4fsY7jTLl

C’est Morgan Freeman qui est à l’origine de leur troisième collaboration, Invictus. Le comédien, qui avait déjà partagé l'affiche avec Clint Eastwood, devant et derrière la caméra, dans son western Impitoyable et dans le bouleversant Million Dollar Baby (qui valu à Morgan Freeman l'Oscar du Meilleur second rôle), envoie le scénario d’Invictus à son vieux compère qui accepte sans hésitation de diriger le film. « Morgan est géniale, déclare Eastwood. Je n’imagine personne d’autre dans le rôle de Nelson Mandela. Ils ont la même stature, le même charisme. Il a travaillé très dur pour capter la tonalité de Mandela. Et il a fait du très bon boulot ! »

 

1992 -             Impitoyable       

2004 -             Million Dollar Baby     

2009 -             Invictus            

 

 

Clint Eastwood (acteur) / Don Siegel, Sergio Leone, Buddy Van Horn

 

Sergio Leone - Clint Eastwood

Avant de devenir l'un des réalisateurs les plus respectés d'Hollywood, Clint Eastwood s'est illustré en tant qu'acteur dans plus d'une soixantaine de films. C'est avec l'italien Sergio Leone que Clint Eastwood, alors âgé de presque 40 ans, se fera enfin connaître du grand public grâce à la trilogie entamée en 1964 par le western Pour une poignée de Dollars. « Pour moi, Sergio était un réalisateur intrépide. J'ai beaucoup appris avec lui. Sergio m'a appris à en faire le moins possible. Moins j'en faisais, plus j'étais impressionnant.» 

Clint Eastwood tourne par la suite à cinq reprises avec le réalisateur Don Siegel qui inaugurera la série des Inspecteur Harry en 1971. Le personnage du controversé justicier de San Francisco passera ensuite devant la caméra de Buddy Van Horn. Au total, Eastwood tournera d'ailleurs trois films avec ce dernier.

 

1989 -             Pink Cadillac                                       de Buddy Van Horn

1988 -             La Dernière Cible                                de Buddy Van Horn

1981 -             Ça Va Cogner                                     de Buddy Van Horn

1979 -             L'Évadé D'Alcatraz                              de Don Siegel

1971 -             Les Proies                                            de Don Siegel

1971 -             L'Inspecteur Harry                               de Don Siegel

1969 -             Sierra Torride                                       de Don Siegel

1968 -             Un Shérif A New York                         de Don Siegel

1966 -             Le Bon, La Brute Et Le Truand             de Sergio Leone

1965 -             Et Pour Quelques Dollars De Plus        de Sergio Leone

1964 -             Pour Une Poignée De Dollars               de Sergio Leone

 

 

 

 

Garry Marshall / Hector Elizondo

Garry Marshall (à G) - Hector Elizondo

 

Son nom ne vous dit peut-être rien, mais si vous êtes fan des comédies romantiques de Garry Marshall, son visage vous est certainement familier. C’est bien simple, depuis le méconnu Young Doctors in Love (1982) ou encore le mythique Pretty Woman dans lequel il interprétait le bienveillant concierge de l’hôtel cinq étoiles, Hector Elizondo est de tous les films de Garry Marshall (18 à ce jour). Eternel second rôle, on a récemment pu le voir à l’affiche de Valentine’s Day, toujours signé Garry Marshall, dans lequel il forme un couple inséparable avec la pétillante Shirley McLaine.

1982  - Doctors in love

1984  - Le kid de la plage

1986  - Rien en commun

1987  - Overboard

1988  - Au fil de la vie

1990  - Pretty Woman            

1991  - Frankie Et Johnny

1994 - Club Eden, l’ile aux fantasmes

1996 - Escroc Malgré lui

1999 - Just Married (ou Presque)

1999 -  L’autre soeur

2001 -  Princesse Malgré Elle

2004 -  Fashion Maman

2004 -  Un Mariage De Princesse

2006 - Voyeurs.com

2007 - Mère-fille Mode D'Emploi

2010 - Valentine'S Day

2011 - Happy New Year

 

 

Brad Pitt / David Fincher

David Fincher - Brad Pitt

Après une apparition remarquée dans Thelma et Louise, le talent de Brad Pitt explose dans le glaçant Seven, second film d’un certain David Fincher, qui s’était jusqu’alors illustré dans l’univers du clip et de la publicité. Par la suite, le réalisateur retrouvera son acteur fétiche dans Fight Club et L’étrange histoire de Benjamin Button. Il se murmure que Brad Pitt produira – via sa société de production Plan B - l’adaptation du roman de Charles Burns, Black Hole, sur laquelle Fincher travaille depuis quelques années déjà. Reste à savoir si l’acteur fera aussi partie du casting.

2009 -             L'Étrange Histoire De Benjamin Button             

1999 -             Fight Club         

1995 -             Seven  

 

 

David Lynch / Kyle MacLachlan / Laura Dern

 De G à Dr : Laura Dern - David Lynch - Kyle MacLachlan

L’univers kafkaïen et torturé de David Lynch a dérouté bon nombre de ses interprètes. Pourtant, deux de ses acolytes se frotteront à trois reprises chacun au cinéma du réalisateur de Twin Peaks et Mulholland Drive - Kyle MacLachlan et Laura Dern

 

Avec Kyle MacLachlan

1991 -             Twin Peaks     

1986 -             Blue Velvet       

1984 -             Dune 

 

Avec Laura Dern

2006 -             Inland Empire  

1990 -             Sailor Et Lula  

1986 -             Blue Velvet     

 

 

John Cassavetes / Gena Rowlands (épouse de John Cassavetes)

John Cassavetes - Gena Rowlands

Inséparables dans la vie comme au cinéma, Gena Rowlands et son acteur et réalisateur de mari tourneront pas moins de sept films ensemble, dont le saisissant Une femme sous influence et le bouleversant Gloria. Après le décès du cinéaste, ce sont leurs deux enfants Zoé et Nick Cassavetes qui prendront la relève en faisant tourner leur mère dans la majorité de leurs films respectifs (trois pour Nick et un pour Zoé). C'est en realité une véritable troupe de copains qui se réunissent autour de John Cassavetes, parmi lesquels Ben Gazzara et le sémillant Peter Falk, plus connu sous le nom de Columbo, lieutenant Columbo !

 

Gena Rowlands / John Cassavetes

1963 -             Un Enfant Attend        

1968 -             Faces  

1971 -             Minnie And Moskowitz          

1972 -             Une Femme Sous Influence     

1977 -             Opening Night

1980 -             Gloria  

1983 -             Love Streams    

 

Gena Rowlands / Nick et Zoé Cassavetes

1996 -             Décroche Les étoiles    de Nick Cassavetes

1997 -             She'S So Lovely          de Nick Cassavetes

2004 -             N'Oublie Jamais           de Nick Cassavetes

2007 -             Broken English             de Zoe Cassavetes

 

 

 

Peter Falk / John Cassavetes

1970 -     Husbands        

1972 -     Une Femme Sous Influence     

1977 -     Opening Night

1986 -     Big Trouble     

 

Ben Gazzara / John Cassavetes 

Peter Falk - John Cassavetes - Ben Gazzara (film Husbands)

Peu après la disparation du cinéaste, Ben Gazzara confia « J'aime être surpris, me mettre en danger. Avec John Cassavetes, on s'amusait comme des enfants avec un nouveau jouet. Je pouvais laisser libre cours à mon imagination et m'exprimer sans retenue. John a disparu trop tôt. Il a laissé un grand vide jamais comblé. »   

1970 -             Husbands     

1975 -             Meurtre D'Un Bookmaker Chinois

1977 -             Opening Night 

 

A SUIVRE ...

 

Par Marion Batellier, le 4 dec 2013

1 décembre 2013

Biopics, manne prolifique

Après Françoise Sagan, Jacques Mesrine, Coco Chanel et Edith Piaf, c'est le regretté Serge Gainsbourg qui embrume les écrans de cinéma français.

 

Morgan Freeman/Nelson Mandela dans Invictus

 

Il faut dire que les biopics (biographic pictures) sont de plus en plus courus. Un genre prolifique qui ne devrait pas disparaître de sitôt puisque des dizaines de projets sont en préparation (Kurt Cobain, James Brown, Arletty, John Lennon ou encore Romy Schneider). Mais pourquoi ce genre rencontre-t-il un tel succès auprès des producteurs et des spectateurs ?

Si les biopics semblent se multiplier ces derniers temps, ce serait une erreur de croire qu'il ne s'agit que d'une mode récente. De tous temps les cinéastes se sont intéresses à la vie de nos illustres concitoyens, d'Emile Zola à Che Guevara en passant par Van Gogh et Marie-Antoinette... et ce sur tous les continents.

Des biopics d'un nouveau genre

Autrefois cantonnées aux téléfilms du samedi soir, les personnalités du sport, de la politique, des sciences ou de la culture connaissent aujourd'hui les faveurs des salles obscures. Un passage sur grand écran qui demande de s'éloigner de la biographie très scolaire souvent illustrée à la télévision.

Signés par des cinéastes au style inimitable (Tim Burton pour "Ed Wood") ou engagés (Spike Lee avec le percutant "Malcom X"), les biopics de « prestige » n'ont plus rien à voir avec leurs petits frères de télévision, d'autant plus que ces films sont souvent synonymes de récompenses pour leurs interprètes. Il n'y a pas que Marion Cotillard qui ait été couverte de prix. Ne seraient-ce ces dix dernières années, la moitié des Oscars ont été attribués à des acteurs ayant incarnés des personnages réels, illustres (Nicole Kidman/Virginia Woolf, Jamie Foxx/Ray Charles, Reese Witherspoon/June Carter, Philip Seymour Hoffman/Truman Capote, Forest Whitaker/Idi Amin Dada, Helen Mirren/Elizabeth II, Sean Penn/Harvey Milk) ou méconnus (Julia Roberts/Erin Brockovich, Charlize Theron/Aileen Wuornos, Adrien Brody/Wladyslaw Szpilman...)

La différence réside peut-être dans l'intérêt grandissant pour les personnalités du show-business, acteurs, réalisateurs ("Chaplin" de Richard Attenborough), chanteurs (Bob Dylan dans "I'm not there, Johnny Cash dans "Walk The Line") et même rappeurs (50 Cent et Eminen se sont tous deux illustrés dans des long-métrages plus ou moins inspirés de leur propre vie).

Un pari risqué

Mais encore faut-il choisir judicieusement la personnalité. Un mauvais timing, un choix maladroit... et c'est la débandade. Cécile de France en a fait l'amère expérience l'an passé avec un projet qui lui tenait à cœur, une adaptation de la vie de "Sœur Sourire". Malgré la popularité du tube interplanétaire « Dominique », le film n'a pas rencontré son public, n'attirant que 80 000 spectateurs dans les salles françaises.

S'attaquer à un monument de l'histoire ou à une star immensément populaire peut s'avérer particulièrement périlleux, plus encore lorsque la personnalité est ancrée dans notre inconscient collectif et appartient à notre passé récent. A ce titre-là, Joann Sfar n'a pas choisi la facilité en choisissant de se pencher sur la vie tourmentée de l'homme à la tête de choux, d'autant plus qu'à l'exception de Gainsbourg, tous les membres de son entourage, sa famille, ses conquêtes féminines, sont encore parmi nous.

Le récent "Invictus" de Clint Eastwood le prouve une fois encore à travers un épisode de la vie du leader sud-africain Nelson Mandela. Quoique qu'Invictus n'est pas exactement ce que l'on pourrait qualifier un biopic, le scénario se focalisant sur une partie bien déterminée de la vie de Nelson Mandela. Un angle particulier qui s'éloigne de la biographie à proprement parler. Nonobstant, malgré la brièveté de la période couverte, ces « minis-biopics » cernent souvent avec plus de justesse la personnalité de la célébrité.

Antoine de Caunes avait ainsi choisi de situer son Coluche à l'époque de sa candidature aux élections présidentielles de 1981, un choix hasardeux pour le comique qui bouleversa à jamais sa vie personnelle et professionnelle. Malheureusement, malgré l'immense popularité de Coluche et la saisissante interprétation de François-Xavier Demaison, celui-ci n'a pas rencontré son public. La faute à une réalisation trop sage en comparaison de la personnalité brute de décoffrage du comique.

Manque criant d'inspiration ? Voilà une critique souvent reprochée aux producteurs de cinéma accusés de choisir la voie facile en adaptant des histoires déjà bien connues, qu'il s'agisse de livres, de BD, de suites, de remakes, de séries télé ou de faits réels. Nous ne sommes sans doute pas loin de la vérité. Mais les producteurs ne s'engageraient pas sur de tels projets si le grand public n'était pas demandeur, ne serait-ce que pour s'amuser à jouer au jeu des 7 erreurs entre la réalité et sa version sur pellicule. Parfois à la limite du voyeurisme, l'attrait des spectateurs pour les biopics démontre que ces derniers aiment plus que jamais se sentir en terrain connu.

 

Marion Batellier,  publié le 25 janvier 2010 sur http://suite101.fr

29 novembre 2013

Zombies or Not zombies ?

Les morts-vivants sont partout, que ce soit dans la littérature, au cinéma (de White Zombie à World War Z aux innombrables séries Z et autres comédies horrifiques, en passant par la saga de George Romero), mais aussi dans la musique (tout particulièrement dans le bien nommé Death Metal, notamment avec Iron Maiden, Marilyn Manson, Rob Zombie, The Prodigy), dans la bande-dessinée (The Walking Dead, Tales of the Zombies…etc) ou dans les jeux vidéos (citons entre autresCity of the Dead, Resident Evil, Doom, Dead Island, Lollipop Chainsaw, Black Ops zombies, Left 4 Dead, Rise of Nightmares).

 

 

De la légende à la fiction : la grande contagion zombie

Surpopulation, pandémies, OGM, pollution, réchauffement climatique…Dans notre société anxiogène, les récits post-apocalyptiques sont plus populaires que jamais. Guère étonnant alors que les zombies, représentants rêvés de la fin de l’humanité, envahissent la culture populaire. Plus que de vulgaires œuvres horrifiques, les fictions sur les zombies tendent un miroir sur la nature humaine et les dérives de notre civilisation, comme le contrôle des masses, la quête de l’immortalité ou le développement des armes atomiques et biologiques.


Comme nombre de créatures légendaires (vampires, loups-garous, croque-mitaines…), les zombies en disent beaucoup plus qu’on ne croit sur l’humanité. Comme si le zombie était un double contre-nature de l’homme « civilisé », le révélateur de notre propre bestialité. Bien d’autres créatures pourtant, incarnent tout aussi bien les dangers auxquels l’humanité est confrontée. Comment expliquer alors une telle invasion, un phénomène qui dépasse aujourd’hui les cultures et les frontières ?

Née en Haïti, la figure du zombie s’est, en tout logique, propagée aux USA lors de l’occupation de l’île par des américains entre 1915-1930. La mondialisation du cinéma hollywoodien a fait le reste. Rapidement, le mythe s’est répandu en Amérique centrale et latine. Puis c’est l’Italie des années de plomb qui succombe à l’infection, mêlant horreur nécrophile à l’érotisme du Giallo. Même l’Asie, où il est coutume de recourir à la crémation des défunts et où les morts reviennent sous une forme bien plus spirituelle que corporelle, a été contaminée.

Comment expliquer l’engouement inégalé des zombies ces dernières années. Serait-ce parce que le zombie symbolise une humanité déviante, personnification moderne du mythe de Prométhée ? Ou alors parce qu’il représente le mal incarné, un méchant à la fois assez humain pour que l’où puisse s’y attacher, et assez repoussant pour être exterminé sans culpabilité ? Ou peut-être est-ce parce qu’il sert d’exégèse aux angoisses des êtres humains ?

 

 

Qui sont ces êtres sortis d’outre-tombe ?

 

 

D’où viennent-ils ? Etroitement lié aux cultures amérindiennes et afro-caribéennes, le mythe du zombie s’inscrit profondément dans la culture vaudou, en particulier sur l’ile d’Haïti A l’origine, les morts-vivants désignaient les personnes ayant expérimentés des pratiques religieuses si extrêmes qu’on les retrouvait errants et le regard vitreux. Certains ethnologues parlent même de rites dezombification. Les chamanes prodiguaient à leurs disciples une potion ayant la propriété de ralentir le métabolisme au point de donner l’impression d’une mort apparente. Ne dit-on pas que les bien-nommées croque-morts mordaient l’orteil des morts pour vérifier qu’il n’y avait pas erreur sur la déclaration de décès ? Dans son roman L’île magique, paru en 1929, W.B. Seabrook décrit ainsi les zombies comme des corps sans âme, simplement pourvus de vie mécanique.

Qui sont-ils ? Dérivés des légendes vaudous et autres mythes contant le retour à la vie de nos chers disparus, les zombies obéissent à des codes plus ou moins stricts. Pour les puristes, les zombies doivent obligatoirement passer par une phase post-mortem, se mouvoir lentement et de manière saccadée, et leur élocution se limite à des éructations animales.

On peut également assimiler aux zombies des morts-vivants fabriqués de toutes pièces tels que la créature de Frankenstein. Ce personnage, né de l’imagination de la romancière britannique Mary Shelley, librement inspiré du mythe de Prométhée, a, contrairement au zombie, la « connaissance du bien et du mal ». Et c'est ce don lui-même qui le mènera à sa perte…

 

Quand la légende devient fiction

Les zombies sont partout, dans la littérature tout d'abord, notamment avec Frankenstein de Mary Shelley, L’île magique de W.B. Seabrook, Je suis une légende de Richard Matheson ou encoreSimetierre de Stephen King) ; puis au cinéma, où le zombie va connaître son heure de gloire dans les années 30 et 40. Parmi les pépites de cette époque, White Zombie, avec Bela ‘Dracula’ Lugosi, librement inspiré best-seller de W.B. Seabrook et I walked with a zombie de Jacques Tourneur (1943).

 

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Mutations et contagions

Depuis leur émergence, les zombies n’ont cessé d’évoluer, de muter. A leur début, les zombies évoluaient généralement en nombre restreint, transformés en être errants par le biais de sorts chamaniques. Leur regard vide et leur apparence putréfiée suffisait à provoquer l’effroi chez le lecteur ou le spectateur. En général, ils ne se mouvaient que sous le contrôle d’un vivant qui faisait de lui son esclave.

 

1968 : la révolution Romero

Tout change en 1968 lorsqu’un certain George Romero réalise avec trois francs six sous La nuit des morts-vivants. Sous l’effet de radiations d’un satellite revenant de Venus, les morts sortent par milliers de leur repos éternels et se jettent comme sur les vivants comme des loups affamés sur de la chair fraîche. Au cannibalisme des clichés afro-haïtiens s’ajoute l’effet de masse. Les zombies se déplacent désormais en meute, formant une horde détruisant tout sur son passage. Le film de Romero donne naissance à une vague de productions « zombiesque » finissant par galvauder le genre dans des productions frôlant le grand guignolesque.

 

Années 80 : les morts-vivants ‘s’essoufflent’

Devenu la risée du cinéma fantastique, le mort-vivant déambulant à deux à l’heure prête davantage au rire qu’à l’effroi. Le film de zombie amorce alors dans les années 80 un virage vers la comédie horrifique, dénuée de toute réflexion sociale ou politique, lorgnant allègrement vers le divertissement décérébré pour adolescents (I was a teenage zombie, Zombie Campus, et j’en passe).

 

Années 2000 : le retour en grâce des morts-vivants

Il faut attendre l’ère post-11 septembre et le succès surprise de l’anglais Danny Boyle avec 28 jours plus tard (2002) pour que le zombie retrouve ses lettres de noblesse. Il se fait plus véloce, et l’infection rabique se répand à une vitesse inégalée. Il ne faut que quelques jours pour que Londres se transforme en no man’s land. En 2004, un autre britannique, issu du monde la pub, Zach Snyder, réalise L’armée des morts, un remake de Dawn of the Dead (1978) de Romero dans lequel les zombies n’auraient rien à envier à Usain Bolt.

 

Séries B, séries Z, comédies et parodies

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Populaires et peu onéreux à produire, les films de zombies donnent chaque année naissance à des dizaines de séries et séries Z aux déclinaisons plus loufoques les unes que les autres. Parmi ces œuvres mémorables, citons par exemple Dead Snow et ses zombies nazis, mais aussi Ninja Zombies, Zombie Cheerleaders ou encore Osombie, avec un Ben Laden mort vivant !! Les parodies s’attaquent sans vergogne à tous les genres cinématographiques, et les films de morts-vivants n’échappent pas à la règle. Parmi les parodies les plus réussies de ces dernières années, les hilarants Shaun of the Dead et Zombieland, dont on attend la suite. Avec Fido et Warm bodies, les cinéastes vont jusqu'à mettre en scène des romances entre morts et vivants !

 

 

Dessine-moi un zombie

Le 9e art s'est également emparé du phénomène. Les séries horrifiques telles que Les contes de la crypte, The Vault of Horror ou encore Doctor Death ne pouvaient évidemment pas échapper au phénomène. Plus étonnante est la présence de morts-vivants dans les mangas ou les comics de super-héros américains. Même le monde enfantin de Disney n’échappe pas au phénomène. Ainsi apparaît régulièrement Bombie le Zombie, un malheureux ensorcelé envoyé par un chef africain pour jeter un sort vaudou sur Picsou. Et ce n’est pas le succès de The Walking dead, adapté avec succès en série TV (les audiences sont régulièrement en hausse épisode après épisode) qui va contredire la tendance.

 

Dégomme-moi un zombie

Le retour en vogue des zombies dans la culture populaire n'est sans doute pas étranger avec l'émergence de jeux-vidéos entrés au panthéon du genre. Quel gamer ne s’est pas un jour défoulé en « dégommant » les zombies à la pelle ? Dès les débuts, des dizaines d’opus ont vu le jour, à commencer en 1986 par City of the dead, librement inspiré du Dawn of the dead de Romero (1978).La saga Resident Evil, qui a donné naissance à pas moins de six volets, est sans aucun doute la plus connue. Le jeu a connu la déclinaison cinématographique la plus lucrative avec pas moins de cinq longs-métrages (et un sixième déjà en préparation) et un cumul de plus 700 millions de dollars de recettes au cinéma.Les jeux de zombie obéissent généralement à un principe aussi primaire que simpliste : les zombies sont le mal incarnés, et il faut les détruire sans concession, hommes, femmes, vieillards, enfants. Pas de quoi culpabiliser, de toute façon, ils sont déjà morts ! Ils deviennent ainsi les cibles idéales des first person shooter, ces jeux vidéos consistant à tirer sur tout ce qui bouge (on peut également frapper avec une batte, découper au sabre, à la machette…). Parmi les titres les plus réputés, citons City of the Dead, Resident Evil, Dead Island, Lollipop Chainsaw, Doom, Left 4 Dead, Rise of Nihtmares). Le zombie est si populaire que même les jeux n’ayant a priori rien à voir avec les morts-vivants, comme les jeux de guerre Call of Duty, ont succombé à la chair décomposée dans Black Ops zombies.

 

 

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Zombies : de la fiction à la réalité

 

De nos jours, les zombies dépassent largement le cadre de la fiction. Ainsi, les fans se réunissent-ils régulièrement autour de Zombie Walks des rassemblements au cours desquels ils déambulent par milliers grimés en zombies. Et l’on se souvient, il y a quelques années, de ces centaines de prisonniers philippins reproduisant en cadence la chorégraphie du Thriller de Michael Jackson.

 

Sommes-nous déjà des zombies ?

Les zombies haïtiens représentaient l’analogie de l’esclave africain dans les champs de canne. Dans son chef d’œuvre Metropolis, Fritz Lang fait marcher ses masses laborieuses comme des morts vivants. Bien qu’ils ne soient pas des zombies à proprement parler, ces travailleurs confinés dans les bas étages de la société futuriste, semblent dénués de toute émotion, leur vie se limitant à enchaîner des heures et des heures de basses besognes. Aujourd’hui, les zombies seraient plus enclins à représenter les masses consuméristes. Dans i, George Romero fait déambuler ses créatures dans un centre commercial. « C’est une sorte d’instinct », dira un des survivants « Le souvenir de ce qu'ils faisaient. Ils aimaient cet endroit. »

 

Que disent-ils de nous ?

C’est bien connu, l’homme est un loup pour l’homme. Et il n’a guère besoin de se transformer en mort-vivant cannibale pour s’attaquer à ses concitoyens. Et c’est probablement ce qui fait de la figure du zombie l’une des plus signifiantes sur la nature humaine. Car ce n’est pas tant la créature elle-même qui importe, mais son origine, et les conséquences de son émergence.

 

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Les œuvres apocalyptiques font régulièrement appel aux morts-vivants pour illustrer la fin de l'humanité. A chaque époque, les fictions "zombiesques" se font l'écho des angoisses du moment. Traumatisme de la guerre, peur du fascisme, fascination pour l'exotisme, guerre froide et menace nucléaire, dérives de la société de consommation, mondialisation, pandémies à l'échelle planétaire... Depuis les attentats du 11 septembre, la vulnérabilité de l’empire américain est réapparue sur le devant de la scène. Très vite, cet évènement tragique a donné naissance à de nombreuses fictions apocalyptiques. Les survivalistes, prêts à se barricader dans leurs bunkers, alimentent la curiosité (et la moquerie) des médias. C’est pourtant avec le plus grand sérieux qu’ils se préparent à toute invasion zombie. Une organisation spécialisée dans la sécurité, nommée Halo Corp, a même organisé un exercice grandeur nature en Californie pour se préparer à une invasion zombie !

 

Quand les zombies envahissent le monde réel

En 2010, une scientifique américaine a ainsi imaginé dans quelles conditions pouvait être créé un "virus zombie". Et en 2011, des chercheurs ont découvert un nouveau champignon capable de prendre le contrôle d’insectes… En 2009, des chercheurs des universités de Carlton et d’Ottawa ont modélisé les conséquences d’une invasion. En avril 2012, des juristes de l’Arizona ont, eux, étudié les effets d’une "Zombie Apocalypse" sur les taxes collectées par l’Etat. L’université de Glasgow a, elle, ouvert un programme baptisé "Institut d’études théorique sur les zombies".

Et au printemps 2012, deux attaques cannibales de marginaux sur des passants a fait craindre à l’émergence d’une nouvelle drogue transformant les toxicomanes en véritables enragés. Le très sérieux CDC (Centers for Disease Control and Prevention) a dû publier une note pour réfuter toute infection zombie. Il faut dire que qu’un an auparavant, mai 2011, cet organisme fédéral a en effet déclenché une polémique en mettant en ligne un véritable guide de préparation à la "Zombie Apocalypse". Il s’agissait en réalité d’une opération de communication destinée à sensibiliser l’opinion publique sur la prévention des maladies. Mais face aux réactions de certains internautes, le CDC a retiré son guide au bout de quelques jours. Il a depuis refait son apparition, précédé d’un message d’explications. La fiction a fini par rattraper la réalité !

 

Marion Batellier, publié le 2 novembre 2012 sur http://suite101.fr

8 juillet 2013

"Une séparation" en Iran

 

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Asghar Farhadi - Réalisateur

Le film évoque à la fois la séparation d'un couple, la place des femmes en Iran, la lutte des classes. N'aviez-vous pas peur de vous perdre en route avec tous ces sujets ?

C'était une de mes craintes effectivement. Est-ce que ces multiples entrées, ces multiples thématiques n'allaient pas gêner le spectateur. Il a donc fallu travailler pour équilibrer ces thématiques et raconter une histoire qui tienne la route. Ce qui est intéressant, c'est que ces thèmes, même s'ils semblent indépendants, ont quand même des liens. Il fallait réussir à montrer quelles étaient ces connexions.

La première partie est plutôt un drame intimiste sur la séparation d'un couple et ses conséquences sur la famille, tandis que la deuxième s'apparente davantage à un drame social avec deux entités familiales représentant deux milieux diamétralement opposés de la société iranienne.

On peut dire que la séparation du couple me sert de prétexte pour montrer la lutte des classes, en tout cas la séparation entre ces deux classes. C'est le départ de l'épouse, Simin, qui engendre l'arrivée de l'aide soignante et tout ce qui s'en suit.

 La séparation du couple ne serait donc qu'un prétexte pour la suite de l'intrigue ?

Je n'ai sans doute pas utilisé le bon terme. Je ne dirais pas que c'est un prétexte mais plutôt un point de départ à notre histoire. Thématiquement, les sujets sont très liés, comme des anneaux. On ne peut pas les séparer les uns des autres.

Le titre laisse néanmoins penser que le film va tourner autour d'une séparation alors que l'intrigue part ensuite vers une autre direction.

Dans la première séquence du film, le juge demande à la femme pourquoi elle souhaite quitter l'Iran, mais elle reste silencieuse. Le film raconte les multiples raisons pour lesquelles elle ne souhaite pas rester en Iran. Au départ, en fait, quand elle dit qu'elle veut quitter le pays, on dirait que c'est un outil de pression pour que le mari l'accompagne à l'étranger. Mais au fur et à mesure, le couple réalise que ça fait longtemps qu'ils ont chacun choisi une voie différente.

En définitive, le film amène plus de questions qu'il n'apporte de réponses...

C'est comme ça dans tous mes films ! Mes films n'ont jamais la prétention de vouloir apporter des réponses. Il se met toujours à la hauteur du spectateur et pose des questions. Si vous apportez des réponses, vous interrompez la réflexion du spectateur.

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Vous aviez déjà Leila Hatami en tête pour le rôle de Simin ?

Quand j'ai écrit le synopsis, avant même le scénario, j'avais déjà Leila à l'esprit !

Dans vos films, vous aborder des sujets délicats comme le divorce, la religion...etc. Vous n'avez pas peur de la censure ?

C'est comme quand on conduit une voiture, on a toujours peur d'avoi

 

r un accident ! (rires). Mais si je vous avoue mes stratégies pour contourner la censure, je ne pourrai plus les utiliser plus tard. Ce qui m'aide, dès le scénario, à passer à travers les mailles de la censure, c'est que je n'apporte pas de réponses, donc pas de jugement de valeur. Au lieu de dire "ceci est mal", je mets les personnages dans une situation qui pousse le spectateur à réfléchir sur le bien-fondé de leur comportement.

En effet, par moment, on penche plutôt en faveur d'un camp avant de basculer en faveur de l'autre couple. Notre opinion évolue sans cesse.

C'est vrai. Pour moi, il était hors de question de dire qu'un des couples, qui représente une des catégories sociales, avait raison et dominait l'autre. Il ne fallait absolument pas qu'on sente cela.

L'Iran est un pays qui encourage beaucoup le cinéma, avec des écoles et des festivals très réputés, mais qui paradoxalement se montre extrêmement sévère à l'encontre des dissidents.

C'est peut-être parce qu'il n'y a pratiquement aucun autre divertissement. Les gens vont donc naturellement vers le cinéma. C'est compliqué pour la musique, la sculpture, la danse. Le cinéma reste l'un des seuls moyens pour les jeunes de faire de l'art.

Comment expliquez-vous qu'après la révolution islamique de 1979, le gouvernement ait continué à soutenir le 7e art alors que dans d'autres pays, toute forme d'art a été bannie ?

Le système politique en Iran est très complexe. L'Etat n'a aucun problème avec le médium cinématographique en soi. La majorité des films est produite avec l'argent de l'Etat et les fonds publics. Alors dans la mesure où il met de l'argent dans les films, l'Etat considère qu'il a le droit de contrôler leur contenu. Mais il y a aussi des films financés par des fonds privés. Ces réalisateurs qui font appel aux fonds privés sont ceux-là même qui ont peur de la censure et c'est un des moyens pour passer à travers les mailles. Mais il ne faut pas croire qu'en Iran, tous les films sont bons. Sur une centaine de films produits, il y en a 90 qui ne valent pas grand chose.

Pour finir, avez-vous un message pour vos confrères Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof ? (condamnés à plusieurs années de prison et d'interdiction de travailler)

Comme tout le monde, je suis très attristé par cette condamnation. Tout ce que je peux lui souhaiter, c'est qu'il continue malgré tout à faire des films. Il n'acceptera jamais de faire des films sous contrôle. Si on ne lui laisse pas une totale liberté d'expression, il continuera à tourner en cachette !


Propos reccueillis par Marion Batellier, publiés le 7 juillet 2011 sur http://suite101.fr

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9 mai 2011

Leila Hatami nous parle de sa "Séparation"

Un an après l'Ours d'argent à Berlin pour "A propos d'Elly", Asghar Farhadi a récidivé en remportant cette fois l'Ours d'Or ! Rencontre avec son héroïne, la comédienne Leila Hatami.

 

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Le film évoque à la fois la séparation d'un couple, la place des femmes en Iran, la lutte des classes. Comment avez-vous abordé ces multiples orientations ?

C’était très bien écrit donc facile d’interpréter le rôle, mais j’ai tout de même eu quelques interrogations à ce sujet. J’ai demandé à Afghar, le réalisateur, comment il envisageait d’aborder tous ces sujets à la fois. Le résultat est épatant. Ça devient délicat quand les sujets s’entremêlent. Ils avaient tous en commun la cour, la justice...etc. Je craignais que l’histoire parte dans tous les sens, mais quand j’ai vu le résultat après le montage, c’était parfait ! Pour un acteur, ce n’est pas difficile. Tant que ton rôle est bien écrit, tu te contentes de l’interpréter. Tu ne portes pas le poids du reste du film. Tu es responsable pour ton rôle et c’est tout.

Le réalisateur déclare qu’il attache beaucoup d’importance aux répétitions, vous aviez tout de même un peu de marge pour improviser ?

Oui, on en avait beaucoup. Justement, les répétitions étaient bien pour ça. On avait beaucoup de séances de répétition dans lesquelles on faisait des études du temps réel, ça nous a permit d’ajouter des choses qui n’étaient pas prévues au scénario, comme lorsque j’envoie la lettre soi-disant de l’étranger. On pouvait imaginer beaucoup de choses mais en même temps il était très précis sur les gestes. Il nous filmait en répétition, regardait les vidéos puis le lendemain il corrigeait le moindre détail, la position des mains, la direction des regards…etc. Rien n’échappait à ses yeux !

Votre personnage est un peu en retrait au début du film puis s’impose petit à petit.

Je savais que le réalisateur faisait très attention à ça, donc j’étais tranquille. C’était déjà prégnant dans le scénario, donc tout ce que j’avais à faire, c’était suivre le texte.

Le réalisateur a-t-il immédiatement pensé à vous pour le rôle de Simin ou avez-vous auditionné pour les deux personnages féminins ?

En fait quandAsghara téléphoné, il m’a parlé des deux rôles mais ne savait pas encore lequel m’attribuer. Comme c’était la deuxième fois qu’il me proposait un film après "A propos d’Elly", où ça n’avait pas pu se faire, je voulais travailler avec lui pour effacer cette expérience qui n'a pas marché, quel que soit le rôle. Je savais que je pouvais lui faire confiance ! C'était intéressant pour moi parce que c'était la première fois que je jouais une femme déterminée. Normalement je joue des personnages très innocents, vulnérables. Comme il est intelligent, Asghar a perçu ce caractère fort en moi. C'est la première fois que je suis froide, que j'ai cette distance avec le public.

 

Propos reccueillis par Marion Batellier, 7 juillet 2011, publié sur http://suite101.fr

11 mars 2010

Le cinéma français est-il raciste ?

 

Depuis le 10 février 2010, un débat fait rage autour du choix de Gérard Depardieu pour incarner l'auteur des "Trois Mousquetaires" dans le film historique "L'autre Dumas". Tout le monde ne sait pas que le célèbre écrivain était le fils d'un métis, ancien esclave devenu Général de l’armée française. L'auteur, souvent rallié à cause de sa couleur de peau, se décrivait lui-même comme « un nègre aux cheveux crépus ».

 

Alexandre Dumas

 

 

Pourquoi un Dumas blanc ?

 

Comme bien souvent, Gérard Depardieu offre toute l'épaisseur de son talent pour incarner Dumas et c'eut été le teint albâtre de sa peau, personne n'y aurait rien eu à redire. Le débat se pose plutôt sur le choix du réalisateur qui a préféré un acteur à la ressemblance douteuse avec un personnage historique à un comédien au teint plus hâlé. A l'heure où l'on nous ressasse les valeurs de la diversité française, tourner ainsi le dos à des dizaines de comédiens de talent au profit d'un acteur plus "bankable" est franchement d'un goût douteux.

 

Il faut dire que la France est particulièrement en retard en ce qui concerne la représentation multiculturelle au 7art. La faute à un immobilisme des producteurs trop frileux à l'idée de heurter la sensibilité du grand public. Les producteurs de "L'Autre Dumas" se justifient d'ailleurs en arguant que « si la diversité, dans son ensemble, a besoin d'être promue, elle ne doit pas l'être au détriment de la liberté artistique. Celle-ci, fondée sur l'analogie et la métaphore, commence par le choix des acteurs ». Ils auraient sans doute évité bien des déboires en optant pour la diversité dès le début, d'autant que la polémique et le teint "politiquement correct" de Gérard Depardieu ne leur ont pas réussi (à peine 200 000 entrées à ce jour).

 

« L’Autre Dumas pose la question de la place des acteurs noirs ou métis dans le cinéma français, qui ne peuvent jouer que des personnages typés alors que les acteurs blancs, considérés comme des acteurs "universels", peuvent jouer des personnages de toutes apparences » explique le CRAN, le Conseil représentatif des associations noires, qui se bat depuis des années pour une meilleure représentation des minorités dans les médias et le monde culturel. Le comité juge le film « symptomatique de la discrimination dont son victimes les personnes issues de la diversité et de la difficulté des élites à le reconnaître ».

 


Le cinéma français, trop monocolore ?

 

Hormis quelques acteurs issus de la scène comique (Omar Sy, Pascal Légitimus, Thomas N'gijol, Dieudonné) ou du monde de la musique (Stomy Bugsy, Doudou Masta, Sérigne M'Baye alias Disiz la peste, Joeystarr récemment nommé aux César), peu d'acteurs noirs sont parvenus à inscrire leur noms dans l'esprit des spectateurs. Qui plus est, ils sont encore trop souvent relégués aux seconds rôles, quant ils ne sont pas stigmatisés dans des films de banlieue ou de malfrats. Les rares fois où des comédiens noirs tiennent des premiers rôles, c'est à l'initiative de réalisateurs audacieux (Claire Denis, Coline Serreau, François Dupeyron) ou eux-mêmes d'origine caribéenne ou africaine (Abderrahmane Sissako, Raoul Peck).

 

 

Aide-toi, le ciel t'aidera - Félicité WouassiCe qui est d’autant plus regrettable, c'est qu'aujourd'hui encore, on ne voit quasiment jamais au cinéma des
personnages noirs pour lesquels la couleur de peau n'a pas d'incidence sur l'histoire, à de rares exceptions près. Pour son film "Aide-toi, le ciel t'aidera", François Dupeyron a choisi de s'intéresser à une famille d'origine africaine, mais l'héroïne aurait tout aussi bien pu d'origine européenne ou asiatique. Quant à la nouvelle coqueluche du cinéma français Aïssa Maïga, c’est une des rares actrices à pouvoir se vanter de jouer des rôles pour lesquelles sa couleur de peau n'entre jamais en ligne de compte (dans "Les poupées russes", "L'un reste, l'autre part", "Ensemble, c'est trop").

 

La polémique du film "L'autre Dumas" a mis en exergue une discrimination persistante dans le cinéma français qui, aujourd'hui encore, handicape un grand nombre d'acteurs noirs.

 


Des voix sans visages

 

Faute de rôles conséquents, nombre d’acteurs noirs doivent se contenter de jouer les doublures vocales. Le plus célèbre doubleur vocal black est sans aucun doute le comédien Med Hondo. Son style est tellement reconnaissable que les producteurs de "Shreck" ont choisi de faire appel à lui pour doubler Eddie Murphy (l'âne dans la VO) au lieu de choisir des stars au visage connu comme c'est devenu la coutume.

 

Mais dans le doublage aussi, une insidieuse ségrégation persiste, les comédiens noirs se voyant généralement limités au doublage d’acteurs afro-américains. La seule à prêter son timbre sans distinction de couleur est l’actrice Maik Darah, connue pour être la voix de Whoopi Goldberg et de Courteney Cox (mais aussi de Madonna, Angela Bassett, Jenna Elfman, Rosanna Arquette, Linda Fiorentino...) « Je suis métisse, cela explique peut-être cette aisance à passer du timbre grave au moins grave », confie-t-elle. Quoiqu’il en soit, les acteurs de couleurs peinent à passer de la case doublage à celle des écrans de cinéma et doivent user de persévérance pour s'imposer sur les écrans.

 

Une première étoile enchantée

 

La première étoile de Lucien Jean-Baptiste

Après s’être contenté de petits rôles et de cachetons de doublage (il est, entre autres, la voix de Will Smith et Chris Rock), le comédien martiniquais Lucien Jean-Baptiste s’est finalement écrit un rôle sur-mesure inspiré de ses propres souvenirs d’enfance aux sports d’hiver avec "La Première étoile". Ce premier essai derrière la caméra, Grand Prix du Jury et le Prix du Public au festival d'humour de l'Alpe d'Huez et cité aux César dans la catégorie meilleure première œuvre, fut l’un des succès surprise de l’année 2009. « Globalement, le succès des 1,7 millions de spectateurs vient surtout d’un public blanc. D’ailleurs, ma grande victoire après la projection, c’est que les gens n’abordaient pas la notion de couleur de peau » explique le jeune réalisateur.

 

« Tout ça, c’est souvent une histoire d’argent. La frilosité vient du fait que l’on se repose souvent sur les grandes productions américaines ou de grands acteurs français comme Gérard Depardieu, Daniel Auteuil ou Catherine Deneuve qui sont des ‘valeurs sûres’. Moi, en tant que jeune cinéaste français, je raconte des histoires liées à mon identité comme ont pu le faire Dany Boon dans Bienvenue chez les Ch’tis ou Gad Elmaleh qui fait référence au judaïsme » déclarait il y a quelques mois Lucien Jean-Baptiste. Des propos quasi-prophétiques !

 

Le conte de fée de "La Première étoile" ne s'arrête pas à ce joli succès puisqu'une "Seconde étoile" est déjà en préparation et que l'humoriste américain Chris Rock vient de racheter les droits du film de sa doublure vocale française ! La polémique Dumas a démontré qu'il reste difficile pour un acteur noir de se faire une place dans le cinéma français. Les américains, en revanche, sont bien plus en avance dans la représentation des minorités.

 


L’exemple américain et l'exception télévisée

 

D'où une question qui se pose d'une manière récurrente dans notre société toujours trop sclérosée : faut-il imposer une discrimination positive ? Une mesure à laquelle les pouvoirs se refusent toujours. Il faut dire que la classification de la population par une quelconque "race" ou confession religieuse nous ramène à un passé bien peu glorieux. Reste alors à tout à chacun de prendre l'initiative de refléter une image fidèle de la société française actuelle. Une initiative qui s'impose depuis quelques années déjà à la télévision. Sans doute inspirés par leurs confrères américains, les producteurs de séries télés ont pris l'habitude d'intégrer un casting varié au sein de leurs créations, tout d'abord dans les seconds rôles, puis peu à peu en tête d'affiche (Sonia Rolland - "Léa Parker", Louis Karim Nébati - "Fabien Cosma") ou alors dans le rôle du grand patron (Jean-Michel Martial dans "Profilage"). Interrogé sur ‘l’affaire Dumas’, Jacques Martial, vedette noire de Navarro, évoque un « mécanisme de discrimination par le silence ».

 


L’exil des talents

 

En attendant que la grande famille du cinéma français se montre plus ouverte, certains acteurs noirs préfèrent tenter leur chance aux Etats-Unis. Il faut dire que depuis la mise en place de l’affirmative action au cours des années 70, il devenu quasiment normal de voir des acteurs de toutes origines au cinéma et à la télévision, et pas uniquement dans des productions marginalisées comme celles de la Blackploitation. Après les pionniers Hattie McDaniel (Oscar du meilleur second rôle féminin en 1939 pour "Autant en emporte le vent"), Harry Belafonte, Sydney Poitier (premier noir à recevoir l'Oscar du meilleur acteur en 1958), Sammy Davis Jr ou encore Dorothy Dandridge ("Carmen Jones"), de nombreux acteurs et actrices noirs ont inscrit leur nom au panthéon d’Hollywood. Eddie Murphy, Will Smith, Chris Rock, Denzel Washington, Morgan Freeman, Whoopi Goldberg, Angela Basset, Danny Glover, Chris Tucker, Jamie Foxx, Samuel L. Jackson, Halle Berry, Jennifer Hudson, Wesley Snipes, Forest Whitaker et bien d'autre encore ont ainsi acquis le rang de star du grand écran !

 

D’où la tentation pour les français de s’expatrier sur ce terrain plus propice à la mixité, du moins sur les écrans. Par la voix de sa présidente Véronique Cayla, enfin, le Centre national du cinéma (CNC) estime que «notre retard sur les Etats Unis est immense » et que « le métissage bien réel de la société française n’est reflété ni à la télévision ni au cinéma ».

 

Ancien SDF repéré par un photographe de mode sur les trottoirs parisiens, le béninois Djimon Hounsou s’est vu offrir l’un des rôles principaux dans le bouleversant "Amistad" de Steven Spielberg. Depuis, on l’a notamment vu jouer un rôle récurrent dans "Urgences", vu dans "Gladiator", "Blood Diamond" et a été nommé à l’Oscar du meilleur second rôle pour "In America". En France, on ne l'a aperçu qu’à une seule reprise dans la peau d’un flic tenace dans "Le Boulet". Même chose pour Jimmy Jean-Louis, l’une des stars de la série "Heroes", récemment à l'affiche de "Coursier". Nous sommes encore loin des grands rôles dramatiques !

 

Isaach De Bankolé, lui, a débuté en France en 1987 dans "Black Mic Mac", film pour lequel il fut nommé meilleur espoir masculin. Il a depuis bâti sa carrière entre la France et les USA où il est devenu l’un des acteurs fétiches du réalisateur indépendant Jim Jarmusch. On a également pu le voir dans la peau d'un Président africain dans la série "24 heures chrono" et au casting du dernier film de Claire Denis, "White Material".


Pendant que "La Première Etoile", "La Princesse et la Grenouille" ou encore "Invictus" font un tabac (ils ont tous dépassé les 3 millions d'entrées), "L’autre Dumas" ne convainc pas. Un constat qui met un porte-à-faux les arguments des producteurs trop craintifs. Reste à ceux-ci de balayer les idées reçues pour enfin mieux représenter la diversité française !

 

Marion Batellier, publié le 11 mars 2010 sur http://suite101.fr/

 

15 février 2010

Fantastic Mister Anderson

Changement de style pour Wes Anderson qui a décidé de réaliser son sixième film en stop-motion, procédé méticuleux qui consiste à concevoir les plans image par image.

"Fantastic Mr. Fox" est la première adaptation littéraire de Wes Anderson, transposition modernisée de "Fantastique Maître Renard", bijou du célèbre auteur pour enfants Roald Dahl ("Charlie et la chocolaterie", "Matilda", "James et la pêche géante"). Mais si la technique change, la pâte du réalisateur, elle, demeure toujours bel et bien présente.

 

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Idées et système D

Cinéaste perfectionniste à l’allure invariablement impeccable, Wes Anderson a toujours refusé de se fondre dans le moule des réalisateurs standardisés. Il a ainsi soigneusement évité d’intégrer une école de cinéma, préférant apprendre l’art filmique en autodidacte à travers des courts-métrages super 8. Et c'est à force de persévérance et d’ingéniosité que l’apprenti cinéaste, épaulé par ses acolytes Owen, Luke et Andrew Wilson, sera révélé sur la scène du cinéma "indé" avec "Bottle Rocket", ancien court-métrage transposé en long.De cet anticonformisme résulte un univers cinématographique immédiatement identifiable : personnages déjantés, décors kitchs et chatoyants, longs plans-séquence en travelling latéral, bande son explosive...etc.

Famille, je vous aime

Si les "acteurs" de Fantastic Mr. Fox sont des figurines "Tom pouce", Wes Anderson n'en oublie pas pour autant sa famille de cinéma pour le casting vocal. A côté des petits nouveaux George Clooney et Meryl Streep, on retrouve des vieux de la vieille : l'inénarrable Bill Murray, les cousins Coppola (Roman Coppola et Jason Schwartzman), Willem Dafoe et Michael Gambon (vus dans "La vie Aquatique"), Brian Cox ("Rushmore"), Adrien Brody (à bord depuis l'aventure du "Darjeeling Limited") mais surtout Owen Wilson, complices de tous les films de Wes, ici sans ses deux frangins Luke et Andrew.

Une fois n'est pas coutume, Wes Anderson a travaillé entièrement seul à l'écriture du scénario. Jusqu'alors toujours accompagné, que ce soit par Owen Wilson (

 

"Bottle Rocket", "Rushmore", "La Famille Tenenbaum") ou par les cousins Coppola ("A bord du Darjeeling Limited"), Wes Anderson s'est cette fois-ci isolé. Seul ? Pas tout à fait puisque c'est dans la maison de Gispy House de feu Roal Dahl que Wes Anderson a cherché l'inspiration. « Liccy (la veuve de Roal Dahl) m'a montré la célèbre cabane où son mari écrivait. [...] J'avais le sentiment qu'il était avec moi, et qu'il regardait par-dessus mon épaule » confie le réalisateur.

Un maniaque du détail

Dès ses débuts, Wes Anderson fit du décor et des costumes des personnages à part entière de son univers. Une mise en valeur du détail qui transparaissait déjà dans les pièces de théâtre qu’il mettait en scène au lycée (à l’image de Jason Schwarzman dans "Rushmore"). Plus porté sur le bon vieux système D que sur les effets numériques, Wes Anderson fit déjà appel à Henry Selick (L'étrange Noël de M. Jack) pour animer les poissons de "La Vie aquatique".

C'est donc en toute logique qu'il passa du décor grandeur nature aux maquettes de "Fantastic Mr. Fox", cette fois en collaboration avec Mark Gustafson (Selick était malheureusement accaparé par le tournage de son film "Coraline"). « Par le passé j’ai tourné des plans qui prenaient toute une journée de travail. Avec ce film, un plan compliqué pouvait prendre sept semaines, voire deux mois ! » explique le cinéaste. La conception du film a en effet nécessité 4000 accessoires, 500 marionnettes et 150 décors pour un total de 5229 plans.

Véritable marque de fabrique de Wes Anderson, le travelling latéral, enchaînement de cadres au milieu desquels les personnages vaquent à leurs occupations, s'intègre une fois encore dans "Fantastic Mr. Fox" lors des séquences tournées dans le réseau souterrain. Déjà relativement difficile à mettre en scène en prises de vue réelles, le travelling a cette fois-ci demandé trois mois de préparation !

Un profond attachement à la France

Le natif de Houston (Texas), qui réside plusieurs mois par an dans notre capitale (souvent en compagnie de Roman Coppola, né à l'hôpital américain de Neuilly), prouve régulièrement son attachement à la France. Très inspiré par les grands noms de la culture hexagonale (il cite régulièrement Cocteau, Louis Malle, Jean Renoir), il égrène les clins d'œil dans sa filmographie. "La vie aquatique", par exemple, rend un hommage amusé à l'explorateur Jean-Jacques Cousteau, et "A bord du Darjeeling Limited" s'ouvre sur un court métrage intitulé "Hotel Chevalier" tourné en 2005 dans l'hôtel parisien.

"Fantastic Mr. Fox" n'échappe pas à la règle. On retrouve par exemple dans le film l'insigne désuète "Duluc détective" de la rue du Louvre dans le 1er arrondissement, les immeubles de la ville semblent directement inspirés du style haussmannien et l'on peut entendre George Clooney baragouiner quelques mots en français dans la version originale.

Un répertoire musical très rythmé

Ultime élément représentatif du cinéma de Wes Anderson, la musique pop-rock-folk souvent entremêlée de musiques du monde (le brésilien Seu Jorge dans "La Vie aquatique", musique hindi dans " A bord du Darjeeling Limited"). Outre les refrains tirés du roman, la BO (orchestrée par les français Alexandre Desplat et Georges Delerue) est agrémentée de titres endiablés signés par The Wellingtons, The Rolling Stones, The Beach Boys, Burl Ives ou encore Jarvis Cocker qui apparaît dans le film sous les traits de Petey.

Si, en apparence, Wes Anderson opère un virage à 360°C avec ce nouveau projet, "Fantastic Mr. Fox" ressemble à bien des égards à ses prédécesseurs et s’intègre à part entière à la filmographie de Wes Anderson.

 

Rédigé par Marion Batellier, publié le 15 février 2010 sur http://suite101.fr/

 

25 novembre 2009

Roman Polanski dans la tourmente

Le 27 septembre 2009, le cinéaste Roman Polanski était arrêté à Zurich pour une affaire vieille de 32 ans. Retour sur un fait divers qui suscite toujours la controverse.

polanski

 

 

Pour les membres de l’élite culturelle, placer derrière les barreaux un génie tel que Polanski est un véritable scandale ; pour le grand public, ce n’est que justice. Entre ces deux opinions bien tranchées, une affaire judiciaire bien plus complexe qu’on ne le croit.

Surfant sur cette toute fraîche actualité, le cinéma Reflet Médicis à Paris remet à l’affiche « Roman Polanski : Wanted & Desired » de Marina Zenovich (2008), un documentaire pour lequel la jeune réalisatrice a enquêté près de quatre ans. L’occasion de faire la lumière sur cette malheureuse affaire de mœurs.

L’affaire Polanski

Tout commence à Los Angeles le 13 mars 1977 lorsque Samantha Gailey, 13 ans, sélectionnée pour une séance photos commandée par l'édition française du magazine Vogue, fait un shooting pour Roman Polanski, espérant bien se faire remarquer par le cinéaste. L’adolescente, plus que précoce (elle confiera à Polanski avoir entamé sa vie sexuelle à seulement 8 ans) et à qui Polanski propose du champagne et des comprimés de drogues hallucinogènes, cède aux avances du réalisateur alors âgé de 44 ans.

Dans son film, diffusé en juillet 2008 sur la chaîne américaine HBO, Marina Zenovich fait apparaître les failles du système judiciaire américain et le lynchage médiatique subi par Polanski. « Dans mon film, explique la réalisatrice, il y a clairement deux victimes. Tout d'abord la jeune fille. Et puis, ensuite, lui. Au bout du compte, on éprouve de la sympathie pour les deux. Il n'empêche, aujourd'hui, mon film pose une question : “Combien de temps va-t-il payer pour son ­crime ?” Jusqu'à présent, je n'ai pas la réponse. »

Une question qui va peut-être trouver une réponse aujourd’hui, Roman Polanski ne pouvant désormais plus échapper au mandat d’arrêt qui le poursuit depuis des décennies. Le problème n’est pas de savoir si son statut de grand cinéaste place Polanski au-dessus des lois ou s’il n’est pas superflu de poursuivre un accusé 32 ans après les faits mais si celui-ci a été jugé de manière équitable. Après une première audience s’apparentant à un véritable cirque médiatique, l’auteur de Chinatown etRosemary’s Baby est incarcéré 90 jours pour subir des expertises psychiatriques. Libéré au bout de 47 jours, les avocats négocient avec la partie adverse et le juge une accusation pour détournement de mineur sous effet d’alcool et de substances illégales.

 

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Une parodie de justice

L’affaire se serait arrêtée là si le juge en question, Laurence J. Rittenband, n’avait été plus attiré par le show business que par le code pénal. Fascinée par la personnalité de Polanski depuis le meurtre de sa femme Sharon Tate, alors enceinte de 8 mois, par les disciples de Charles Manson, la presse s’en donne à cœur joie lorsque qu’éclate le scandale Samantha Gailey. Il n’en faudra pas plus pour que l’opinion publique relance les rumeurs de satanisme émergées après l’assassinat de Sharon Tate.

Le juge Rittenband, galvanisé par cet emballement médiatique, décide alors de rejeter l’accord conclu entre les avocats de l’accusation et de la défense. Prévenu de la peine encouru (de 0 à 50 ans de prison ferme !) et lassé par cette chasse aux sorcières, Polanski finit par céder à la panique et fuir le pays.

Mais la justice américaine a la rancune tenace et ne semble pas vouloir tirer un trait sur le passé, alors même que la victime, aujourd’hui âgée de 45 ans, a depuis longtemps pardonné à Polanski. Une obstination qui n’est pas sans rappeler la chasse à l’homme lancée il y a quelques années contre Michael Jackson, bien que le procureur de Los Angeles refuse d’admettre tout acharnement.

Quoiqu’il en soit, il apparaît clairement dans le film de Marina Zenovich que Roman Polanski n’a pas joué avec les mêmes cartes qu’un citoyen lambda, au point que le 3 décembre dernier, les avocats du cinéaste, s’appuyant sur les arguments du documentaire, ont demandé à la justice californienne d'abandonner les poursuites contre leur client. Roman Polanski bénéficiera-t-il cette fois-ci un jugement impartial ? Seul l’avenir nous le dira.

« Roman Polanski : Wanted and Desired » Documentaire de Marina Zenovich. (2008)

Marion Batellier, publié le 5 octobre 2009 sur http://suite101.fr

20 mars 2009

La BD et les jeux vidéos à l'honneur à Monaco

Pour  la 8e année consécutive, Monaco accueille son fameux forum Cinéma & Littérature. Un évènement qui ne cesse de prendre du galon puisqu’il bénéficie cette année de la présence honorifique de mademoiselle Jeanne Moreau.

monaco 2009

Dans une ambiance bien loin de l’image opulente de la cité Monégasque, le forum offre aux professionnels comme au grand public l’opportunité de partager en toute liberté ses impressions avec des artistes de renom. On pourra ainsi y croiser l’actrice italienne Laura Morante, Présidente d’Honneur ; Zabou Breitman, venue présenter son dernier film en tant que réalisatrice, Je l’Aimais, aux côtés de ses acteurs Daniel Auteuil et Marie-Josée Croze ; mais aussi les réalisateurs Amos Gitai, Josée Dayan, François Dupeyron, Philippe Haim ; les comédiennes Elsa Zylberstein et Anny Duperey ou encore les écrivains Philippe Besson et Florian Zeller.

La bande-dessinée et les jeux vidéos seront une fois encore à l’honneur cette année avec, entre autres, la présence de Philippe Druillet (fondateur de Métal Hurlant) et Charles Berbérian (Monsieur Jean, Boboland), et un débat avec Ancestral Z, auteur de la version BD du jeu en ligne Dofus. Il faut dire que les succès Largo Winch, Iron Man,  The Dark Night et Watchmen côté BD et  Resident Evil, Hitman côté jeux vidéos prouvent que le filon reste très prolifique. Outre des suites en série, on attend prochainement Jake Gyllenhaal en jupette dans Prince of Persia, Poulet aux Prunes, le nouveau bijou, avec  acteurs réels, de Marjane Satrapi (voir notre interview effectuée au forum l’an dernier), une nouvelle version de Lucky Luke avec Jean Dujardin et bien entendu la très excitante trilogie Tintin concoctée en motion capture par Steven Spielberg et Peter Jackson.

Marion Batellier en direct du forum de Monaco, 20 mars 2009, www.commeaucinema.com

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