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Cinecdotes
29 novembre 2013

Zombies or Not zombies ?

Les morts-vivants sont partout, que ce soit dans la littérature, au cinéma (de White Zombie à World War Z aux innombrables séries Z et autres comédies horrifiques, en passant par la saga de George Romero), mais aussi dans la musique (tout particulièrement dans le bien nommé Death Metal, notamment avec Iron Maiden, Marilyn Manson, Rob Zombie, The Prodigy), dans la bande-dessinée (The Walking Dead, Tales of the Zombies…etc) ou dans les jeux vidéos (citons entre autresCity of the Dead, Resident Evil, Doom, Dead Island, Lollipop Chainsaw, Black Ops zombies, Left 4 Dead, Rise of Nightmares).

 

 

De la légende à la fiction : la grande contagion zombie

Surpopulation, pandémies, OGM, pollution, réchauffement climatique…Dans notre société anxiogène, les récits post-apocalyptiques sont plus populaires que jamais. Guère étonnant alors que les zombies, représentants rêvés de la fin de l’humanité, envahissent la culture populaire. Plus que de vulgaires œuvres horrifiques, les fictions sur les zombies tendent un miroir sur la nature humaine et les dérives de notre civilisation, comme le contrôle des masses, la quête de l’immortalité ou le développement des armes atomiques et biologiques.


Comme nombre de créatures légendaires (vampires, loups-garous, croque-mitaines…), les zombies en disent beaucoup plus qu’on ne croit sur l’humanité. Comme si le zombie était un double contre-nature de l’homme « civilisé », le révélateur de notre propre bestialité. Bien d’autres créatures pourtant, incarnent tout aussi bien les dangers auxquels l’humanité est confrontée. Comment expliquer alors une telle invasion, un phénomène qui dépasse aujourd’hui les cultures et les frontières ?

Née en Haïti, la figure du zombie s’est, en tout logique, propagée aux USA lors de l’occupation de l’île par des américains entre 1915-1930. La mondialisation du cinéma hollywoodien a fait le reste. Rapidement, le mythe s’est répandu en Amérique centrale et latine. Puis c’est l’Italie des années de plomb qui succombe à l’infection, mêlant horreur nécrophile à l’érotisme du Giallo. Même l’Asie, où il est coutume de recourir à la crémation des défunts et où les morts reviennent sous une forme bien plus spirituelle que corporelle, a été contaminée.

Comment expliquer l’engouement inégalé des zombies ces dernières années. Serait-ce parce que le zombie symbolise une humanité déviante, personnification moderne du mythe de Prométhée ? Ou alors parce qu’il représente le mal incarné, un méchant à la fois assez humain pour que l’où puisse s’y attacher, et assez repoussant pour être exterminé sans culpabilité ? Ou peut-être est-ce parce qu’il sert d’exégèse aux angoisses des êtres humains ?

 

 

Qui sont ces êtres sortis d’outre-tombe ?

 

 

D’où viennent-ils ? Etroitement lié aux cultures amérindiennes et afro-caribéennes, le mythe du zombie s’inscrit profondément dans la culture vaudou, en particulier sur l’ile d’Haïti A l’origine, les morts-vivants désignaient les personnes ayant expérimentés des pratiques religieuses si extrêmes qu’on les retrouvait errants et le regard vitreux. Certains ethnologues parlent même de rites dezombification. Les chamanes prodiguaient à leurs disciples une potion ayant la propriété de ralentir le métabolisme au point de donner l’impression d’une mort apparente. Ne dit-on pas que les bien-nommées croque-morts mordaient l’orteil des morts pour vérifier qu’il n’y avait pas erreur sur la déclaration de décès ? Dans son roman L’île magique, paru en 1929, W.B. Seabrook décrit ainsi les zombies comme des corps sans âme, simplement pourvus de vie mécanique.

Qui sont-ils ? Dérivés des légendes vaudous et autres mythes contant le retour à la vie de nos chers disparus, les zombies obéissent à des codes plus ou moins stricts. Pour les puristes, les zombies doivent obligatoirement passer par une phase post-mortem, se mouvoir lentement et de manière saccadée, et leur élocution se limite à des éructations animales.

On peut également assimiler aux zombies des morts-vivants fabriqués de toutes pièces tels que la créature de Frankenstein. Ce personnage, né de l’imagination de la romancière britannique Mary Shelley, librement inspiré du mythe de Prométhée, a, contrairement au zombie, la « connaissance du bien et du mal ». Et c'est ce don lui-même qui le mènera à sa perte…

 

Quand la légende devient fiction

Les zombies sont partout, dans la littérature tout d'abord, notamment avec Frankenstein de Mary Shelley, L’île magique de W.B. Seabrook, Je suis une légende de Richard Matheson ou encoreSimetierre de Stephen King) ; puis au cinéma, où le zombie va connaître son heure de gloire dans les années 30 et 40. Parmi les pépites de cette époque, White Zombie, avec Bela ‘Dracula’ Lugosi, librement inspiré best-seller de W.B. Seabrook et I walked with a zombie de Jacques Tourneur (1943).

 

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Mutations et contagions

Depuis leur émergence, les zombies n’ont cessé d’évoluer, de muter. A leur début, les zombies évoluaient généralement en nombre restreint, transformés en être errants par le biais de sorts chamaniques. Leur regard vide et leur apparence putréfiée suffisait à provoquer l’effroi chez le lecteur ou le spectateur. En général, ils ne se mouvaient que sous le contrôle d’un vivant qui faisait de lui son esclave.

 

1968 : la révolution Romero

Tout change en 1968 lorsqu’un certain George Romero réalise avec trois francs six sous La nuit des morts-vivants. Sous l’effet de radiations d’un satellite revenant de Venus, les morts sortent par milliers de leur repos éternels et se jettent comme sur les vivants comme des loups affamés sur de la chair fraîche. Au cannibalisme des clichés afro-haïtiens s’ajoute l’effet de masse. Les zombies se déplacent désormais en meute, formant une horde détruisant tout sur son passage. Le film de Romero donne naissance à une vague de productions « zombiesque » finissant par galvauder le genre dans des productions frôlant le grand guignolesque.

 

Années 80 : les morts-vivants ‘s’essoufflent’

Devenu la risée du cinéma fantastique, le mort-vivant déambulant à deux à l’heure prête davantage au rire qu’à l’effroi. Le film de zombie amorce alors dans les années 80 un virage vers la comédie horrifique, dénuée de toute réflexion sociale ou politique, lorgnant allègrement vers le divertissement décérébré pour adolescents (I was a teenage zombie, Zombie Campus, et j’en passe).

 

Années 2000 : le retour en grâce des morts-vivants

Il faut attendre l’ère post-11 septembre et le succès surprise de l’anglais Danny Boyle avec 28 jours plus tard (2002) pour que le zombie retrouve ses lettres de noblesse. Il se fait plus véloce, et l’infection rabique se répand à une vitesse inégalée. Il ne faut que quelques jours pour que Londres se transforme en no man’s land. En 2004, un autre britannique, issu du monde la pub, Zach Snyder, réalise L’armée des morts, un remake de Dawn of the Dead (1978) de Romero dans lequel les zombies n’auraient rien à envier à Usain Bolt.

 

Séries B, séries Z, comédies et parodies

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Populaires et peu onéreux à produire, les films de zombies donnent chaque année naissance à des dizaines de séries et séries Z aux déclinaisons plus loufoques les unes que les autres. Parmi ces œuvres mémorables, citons par exemple Dead Snow et ses zombies nazis, mais aussi Ninja Zombies, Zombie Cheerleaders ou encore Osombie, avec un Ben Laden mort vivant !! Les parodies s’attaquent sans vergogne à tous les genres cinématographiques, et les films de morts-vivants n’échappent pas à la règle. Parmi les parodies les plus réussies de ces dernières années, les hilarants Shaun of the Dead et Zombieland, dont on attend la suite. Avec Fido et Warm bodies, les cinéastes vont jusqu'à mettre en scène des romances entre morts et vivants !

 

 

Dessine-moi un zombie

Le 9e art s'est également emparé du phénomène. Les séries horrifiques telles que Les contes de la crypte, The Vault of Horror ou encore Doctor Death ne pouvaient évidemment pas échapper au phénomène. Plus étonnante est la présence de morts-vivants dans les mangas ou les comics de super-héros américains. Même le monde enfantin de Disney n’échappe pas au phénomène. Ainsi apparaît régulièrement Bombie le Zombie, un malheureux ensorcelé envoyé par un chef africain pour jeter un sort vaudou sur Picsou. Et ce n’est pas le succès de The Walking dead, adapté avec succès en série TV (les audiences sont régulièrement en hausse épisode après épisode) qui va contredire la tendance.

 

Dégomme-moi un zombie

Le retour en vogue des zombies dans la culture populaire n'est sans doute pas étranger avec l'émergence de jeux-vidéos entrés au panthéon du genre. Quel gamer ne s’est pas un jour défoulé en « dégommant » les zombies à la pelle ? Dès les débuts, des dizaines d’opus ont vu le jour, à commencer en 1986 par City of the dead, librement inspiré du Dawn of the dead de Romero (1978).La saga Resident Evil, qui a donné naissance à pas moins de six volets, est sans aucun doute la plus connue. Le jeu a connu la déclinaison cinématographique la plus lucrative avec pas moins de cinq longs-métrages (et un sixième déjà en préparation) et un cumul de plus 700 millions de dollars de recettes au cinéma.Les jeux de zombie obéissent généralement à un principe aussi primaire que simpliste : les zombies sont le mal incarnés, et il faut les détruire sans concession, hommes, femmes, vieillards, enfants. Pas de quoi culpabiliser, de toute façon, ils sont déjà morts ! Ils deviennent ainsi les cibles idéales des first person shooter, ces jeux vidéos consistant à tirer sur tout ce qui bouge (on peut également frapper avec une batte, découper au sabre, à la machette…). Parmi les titres les plus réputés, citons City of the Dead, Resident Evil, Dead Island, Lollipop Chainsaw, Doom, Left 4 Dead, Rise of Nihtmares). Le zombie est si populaire que même les jeux n’ayant a priori rien à voir avec les morts-vivants, comme les jeux de guerre Call of Duty, ont succombé à la chair décomposée dans Black Ops zombies.

 

 

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Zombies : de la fiction à la réalité

 

De nos jours, les zombies dépassent largement le cadre de la fiction. Ainsi, les fans se réunissent-ils régulièrement autour de Zombie Walks des rassemblements au cours desquels ils déambulent par milliers grimés en zombies. Et l’on se souvient, il y a quelques années, de ces centaines de prisonniers philippins reproduisant en cadence la chorégraphie du Thriller de Michael Jackson.

 

Sommes-nous déjà des zombies ?

Les zombies haïtiens représentaient l’analogie de l’esclave africain dans les champs de canne. Dans son chef d’œuvre Metropolis, Fritz Lang fait marcher ses masses laborieuses comme des morts vivants. Bien qu’ils ne soient pas des zombies à proprement parler, ces travailleurs confinés dans les bas étages de la société futuriste, semblent dénués de toute émotion, leur vie se limitant à enchaîner des heures et des heures de basses besognes. Aujourd’hui, les zombies seraient plus enclins à représenter les masses consuméristes. Dans i, George Romero fait déambuler ses créatures dans un centre commercial. « C’est une sorte d’instinct », dira un des survivants « Le souvenir de ce qu'ils faisaient. Ils aimaient cet endroit. »

 

Que disent-ils de nous ?

C’est bien connu, l’homme est un loup pour l’homme. Et il n’a guère besoin de se transformer en mort-vivant cannibale pour s’attaquer à ses concitoyens. Et c’est probablement ce qui fait de la figure du zombie l’une des plus signifiantes sur la nature humaine. Car ce n’est pas tant la créature elle-même qui importe, mais son origine, et les conséquences de son émergence.

 

Zombies apocalypses

Les œuvres apocalyptiques font régulièrement appel aux morts-vivants pour illustrer la fin de l'humanité. A chaque époque, les fictions "zombiesques" se font l'écho des angoisses du moment. Traumatisme de la guerre, peur du fascisme, fascination pour l'exotisme, guerre froide et menace nucléaire, dérives de la société de consommation, mondialisation, pandémies à l'échelle planétaire... Depuis les attentats du 11 septembre, la vulnérabilité de l’empire américain est réapparue sur le devant de la scène. Très vite, cet évènement tragique a donné naissance à de nombreuses fictions apocalyptiques. Les survivalistes, prêts à se barricader dans leurs bunkers, alimentent la curiosité (et la moquerie) des médias. C’est pourtant avec le plus grand sérieux qu’ils se préparent à toute invasion zombie. Une organisation spécialisée dans la sécurité, nommée Halo Corp, a même organisé un exercice grandeur nature en Californie pour se préparer à une invasion zombie !

 

Quand les zombies envahissent le monde réel

En 2010, une scientifique américaine a ainsi imaginé dans quelles conditions pouvait être créé un "virus zombie". Et en 2011, des chercheurs ont découvert un nouveau champignon capable de prendre le contrôle d’insectes… En 2009, des chercheurs des universités de Carlton et d’Ottawa ont modélisé les conséquences d’une invasion. En avril 2012, des juristes de l’Arizona ont, eux, étudié les effets d’une "Zombie Apocalypse" sur les taxes collectées par l’Etat. L’université de Glasgow a, elle, ouvert un programme baptisé "Institut d’études théorique sur les zombies".

Et au printemps 2012, deux attaques cannibales de marginaux sur des passants a fait craindre à l’émergence d’une nouvelle drogue transformant les toxicomanes en véritables enragés. Le très sérieux CDC (Centers for Disease Control and Prevention) a dû publier une note pour réfuter toute infection zombie. Il faut dire que qu’un an auparavant, mai 2011, cet organisme fédéral a en effet déclenché une polémique en mettant en ligne un véritable guide de préparation à la "Zombie Apocalypse". Il s’agissait en réalité d’une opération de communication destinée à sensibiliser l’opinion publique sur la prévention des maladies. Mais face aux réactions de certains internautes, le CDC a retiré son guide au bout de quelques jours. Il a depuis refait son apparition, précédé d’un message d’explications. La fiction a fini par rattraper la réalité !

 

Marion Batellier, publié le 2 novembre 2012 sur http://suite101.fr

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