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Cinecdotes
12 octobre 2008

Hiam Abbass et Thomas McCarthy en visite à Deauville

Grand Prix du 34e festival de Deauville, The Visitor explore avec humour et émotion un drame intime de l’immigration. Professeur d’Université sexagénaire gagné par l’ennui, Walter Vale voit sa vie bouleversée lorsqu’il tombe sur un jeune couple syro-sénégalais, arnaqué par un ami peu scrupuleux, dans son pied-à-terre new-yorkais. Ces trois personnages n’auraient jamais dû se rencontrer, mais il suffira de quelques jours pour qu’un lien indéfectible se nouent entre eux, jusqu’au jour où Tarek, sans papier, est arrêté dans le métro.

Encensé pour son premier film The Station Agent (Prix du public et du scénario de Sundance 2003), le jeune acteur-réalisateur Thomas McCarthy confirme avec son second film un talent incontesté dans l’art de broder avec finesse des rencontres hasardeuses et mutuellement enrichissantes. Ancré dans un New-York post 11 septembre, The Visitor offre à ses quatre interprètes principaux une belle ode à l’ouverture d’esprit et à la tolérance.

En attendant la sortie dans toutes les salles françaises le 29 octobre, nous avons recueillis les confidences du réalisateur et de son interprète principale, la comédienne palestinienne Hiam Abbass.

 


Hiam Abbass - Thomas McCarthy

The Visitor reprend les mêmes thèmes que The Station Agent, les amitiés improbables, la tolérance…etc alors que la forme et le sujet sont très différents… 

Tom McCarthy : En effet, la première partie semble prendre la même direction que The Station Agent mais ce qui se passe au milieu du film lui fait prendre un autre chemin. C’est un grand défi de changer de ton comme ça en plein milieu d’un film, surtout lorsqu’on introduit un nouveau personnage aussi tard !

 

Hiam Abbass, justement, vous apparaissez presque une heure après le début du film, mais on a le sentiment que votre personnage est présent dès la première bobine.

Tom McCarthy : Au début, ça dérangeait Hiam d’être présentée comme personnage principal du film justement à cause de ça. Pourtant, c’est vraiment un personnage central. Il n’apparaît qu’au milieu du film, mais d’une certaine manière, il est déjà là bien avant.C’est un grand défi pour une actrice d’imposer un personnage qui arrive comme ça  sur le tard.

Hiam Abbass : En fait, je suis arrivée dès le stade de l’écriture. Mon agent m’a organisé un rendez-vous à Paris avec Tom et il m’a posé beaucoup de question sur mon personnage. Puis à la lecture du scénario j’ai compris pourquoi il avait besoin de me voir. Quand un réalisateur vous demande personnellement, vous savez que c’est du sur-mesure, donc il y a vraiment une implication mutuelle.

 

Le choix s’est immédiatement porté sur vous ?

Hiam Abbass : Non, il appelé des centaines de personnes, mais tout le monde refusait alors j’ai eu pitié de lui et j’ai fini par accepter (rires) !

Tom McCarthy : Ce fut la même chose pour le personnage de Richard Jenkins, j’ai appelé le tout Hollywood, mais c’est le seul à avoir accepté !

 

D’ailleurs, le choix de Richard Jenkins, que l’on a essentiellement vu dans des seconds rôles (en particulier le patriarche décédé de la série Six Pieds Sous Terre), est très judicieux

Tom McCarthy : Oui, je ne voulais pas de grande célébrité. Il a beau avoir tourné dans près d’une soixantaine de film et être un des comédiens les plus talentueux de sa génération, il n’a pas l’allure d’une star de cinéma, donc je savais qu’il pourrait apporter la sincérité que je recherchais pour le personnage.

 

Hiam Abbass - Richard Jenkins

 

Pour vous, qui est le véritable « visiteur » ? Est-ce le personnage de Richard Jenkins ?

Tom McCarthy : Je ne réponds jamais vraiment à cette question. Je préfère que chacun interprète le titre à sa manière.

 

Pour beaucoup, les expulsions ne représentent que des chiffres, y compris en France. Mais dans le film, vous cherchez à représenter les être humains qui se cachent derrière ces chiffres

Tom McCarthy : Oui, si je devais extraire un aspect politique au film, ce serait ça. Ce n’est pas une question de politique, mais une question humaine. Je montre leur vie, leurs relations..., et quand on leur retire ça, le spectateur se sent perdu. Je voulais aussi montrer à quel point l’Amérique y perd au change d’un point de vue culturel, économique, politique...etc.

 

D’ailleurs, très ironiquement, il y a une affiche dans le centre de détention qui vante les mérites du melting-pot.

Tom McCarthy : Oui, et c’est totalement véridique ! Cette affiche était déjà là lorsque j’ai visité le centre.

 

Hiam, on vous voit souvent dans des rôles sur la tolérance et le rapprochement des peuples. Est-ce volontaire ?

Hiam Abbass : Je n’aime pas trop qu’on me donne une étiquette, mais évidemment ça me parle. Je suis née dans un pays qui est constamment en conflit, donc j’ai une tendresse pour tout ce qui est injuste dans le monde. Alors quand un film dénonce ça, je suis la première à me manifester.

 

Vous tournez au Moyen-Orient, en Europe, aux Etats-Unis. Vous n’avez pas l’impression d’être un peu une éternelle ‘visiteuse’ ?

Hiam Abbass :  Je crois que je suis condamnée à ça ! (rires) Je n’ai pas l’impression d’avoir un vrai chez soi. Pour moi, le monde appartient à tous ; c’est pour ça que je dénonce ces politiques qui empêchent les gens de vivre où ils le souhaitent.

 

D’ailleurs, Thomas McCarthy, quelles sont les opinions de McCain et Obama sur l’immigration ?

Tom McCarthy : C’est une excellente question ! McCain change souvent de position. Il était plutôt centriste sur le sujet ; mais maintenant, pour gagner plus de voix chez les conservateurs, il a fait des propositions plus radicales. D’ailleurs, la colistière qu’il a choisi, Sarah Palin, est à mon avis une insulte pour les femmes !  Pour Obama, c’est plus complexe, il ne fait pas partie de l’élite. D’abord, il est noir ! Donc il comprend ce que c’est d’être regardé de travers, de se sentir différent ou étranger. J’ai beaucoup d’empathie pour lui, il s’est battu pour arriver là où il est. Il ne fait pas partie d’une riche famille texane qui n’a jamais mis un pied hors du pays. Sarah Palin est sortie des Etats-Unis pour la première l’année dernière ! Et c’était pour visiter les troupes en Irak !

 

Propos recueillis par Marion Batellier, Festival de Deauville, septembre 2008, www.commeaucinema.com

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